Les origines
L’histoire du Couvent des Capucins commence avec la Dame Louise de Lorraine-Chaligny, princesse de Ligne d’Amblise, qui lorsqu’elle devient veuve enfile le pauvre habit des Pénitentes Capucines au Couvent de Douais en 1637 et devient Sœur Claire Françoise.
Peu de temps après, l’état du pays change et force son fils, le prince de Ligne, à fournir une habitation à sa mère. C’est donc le 7 septembre 1644 que Sœur Claire Françoise, accompagnée de quatre religieuses, arrive à Mons. Les Frères mineurs capucins étant quant à eux arrivés à Mons en 1595.
Ce petit groupe loge dans l’hôtel du prince. Lors de leurs arrivées à Mons, elles sont reçues avec honneur par la noblesse, les magistrats et le peuple de la ville. Suite à cette sympathie, Sœur Claire Françoise voit une occasion favorable pour la réalisation d’un couvent de Capucines à Mons. Le prince de Ligne met tout en œuvres pour l’obtention du consentement du roi d’Espagne, Philippe IV, qui ne peut refuser devant Dame Louise de Lorraine. Le conseil de la ville est également favorable et octroie les autorisations requises.
En cette époque, un terrain, convenant parfaitement, est mis en vente dans le quartier du Rivage, près de la porte du Rivage et du port de Mons.
Sans attardement, les travaux commencent et le couvent est bâti en 1647 sous la direction de Sœur Claire Françoise. Suite à ce couvent, le nombre des sœurs Capucines s’accroit dès lors rapidement. Quant à l’église conventuelle, elle est construite en 1664 et consacrée le 10 août 1665 par Son Excellence Monseigneur Ladislas Jonnart.
Mais sa fondatrice, Sœur Claire Françoise meurt quelque année après en 1667.
Situé à l’intérieur des remparts de Mons, le long de la rivière de la Trouille, le couvent est implanté sous forme quadrilatère et organisé autour d’une coursive. Quant à l’église, elle est érigée en direction de la porte du Rivage de Mons. L’ensemble du couvent et de l’église est par ailleurs privatisé à l’aide d’un mur qui enrobe la globalité
Le couvent est donc constitué pour pouvoir abriter 30 religieux.
Quant à l’église, elle abrite et rend hommage au Culte de Notre-Dame de Belle Dilection qui ne cesse d’attirer un grand nombre de fidèles pendant 133 ans. En effet, en ce lieu sacré se trouvait le tableau vénéré et les actes authentiques ayant procuré de nombreux miracles.
Le 17 mars 1783, l’empereur d’Autriche Joseph II persécute les monastères obligeant les 24 religieuses habitant le couvent à fuir et à se réfugier chez les Visitandines.
En 1795 les Capucines et les Visitandines sont ensuite expulsées de leur couvent. Le couvent est dès lors mis en vente par l’édit de Joseph II, l’argent récupéré de la vente est attribué à une caisse d’état dite « caisse de religion ». Le couvent vendu à Messieurs Hardempot-Lequeu et Durant est transformé en sucrerie. Tandis qu’une partie des bâtiments conventuels est employée pour l’agrandissement de l’hôpital militaire en 1830.
Le 29 octobre 1863, le couvent des Capucines est racheté par les Pères Capucins, grâce à la générosité de M. le Chanoine Duquesnes, Fils de Maximilien, qui le restaurent et l’église est bénie le 1 septembre 1864. L’église et le couvent abritant à présent les Capucins sous la direction du Père Raphaël, redeviennent ainsi un lieu de prières, de soutien et d’accompagnement spirituel pour le peuple pendant 125 ans.
Une dizaine d’années plus tard, le bâtiment connait certaines rénovations et transformations : une chapelle consacrée à saint Antoine de Padoue est mise en place à l’emplacement des anciens parloirs, le chœur des religieux est arrangé, la confrérie du Tiers Ordre inaugure des nouveaux locaux et une nouvelle salle de conférence est réalisée.
En 1917, une grande partie du couvent est réquisitionnée pour abriter les prisonniers de Mons qui voient leur prison occupée par les Allemands.
Le 10 novembre 1918, suite au bombardement, un nombre important de travaux sont effectués jusqu’en mai 1919.
En 1933, suite à la réouverture du noviciat, le couvent rencontre des changements radicaux. Un niveau supplémentaire est ajouté le long de la rue Masquelier. La constitution de l’église et du couvent se répartit dès lors sur 3 niveaux :
En 1960, le mur de clôture devant l’église est abaissé.
En 1970, les parloirs qui furent incendiés sont aménagés par la longue galerie d’entrée.
En 1988, suite à la diminution du nombre des frères, les bâtiments conventuels sont acquis par la ville de Mons et changent de situation matérielle. Le couvent devient sous l’impulsion du Professeur Albert d’Haenen la maison de mémoire pendant 12 ans. Quant à la Chapelle, elle reste accessible et ouverte au culte.
L’objectif de la maison de mémoire est de stimuler des relations dynamiques d’hommes avec leurs mémoires. Ce projet, contrairement à ce que laisse entendre son nom, n’est pas de représenter un espace patrimonial, de stockage, de musée ou d’une bibliothèque, mais d’établir des liens entre les individus par l’organisation d’exposition, colloques, concerts, conférences, soirées poésie, restaurations…
Ce changement permet également au monde extérieur de la clôture de découvrir l’intérieur du couvent.
Fin 2014, la société Capucins SA, fait l’acquisition des lieux et s’investit dans sa rénovation en collaboration avec le bureau d’architecture Farla et le bureau d’études des techniques spéciales ADEM.
Fin 2016, le chantier est confié à la société LIXON.
Le couvent est converti en un ensemble immobilier. Quant à l’église, elle est restaurée afin de continuer la dynamique des relations entre les hommes, par le biais de divers évènements, comme le proposait les bénévoles de la maison de mémoire.
Sources
Sources bibliographiques :
- Un couvent dans la ville : Capucines et Capucins à Mons [Livre] / Photos de Bérengère Moiny ; Jeanne Angono, Gérard Bavay, John Corriveau. (2000)
- Mons, 1595-1797 et 1863-1988 : Les Capucins vous accueillent et perpétuent le culte de Notre-Dame de Belle Dilection [Livre] / Les pères Capucins de Mons : Jim. Vars, 1988
- Communauté franciscaine capucine de Mons: Hainaut – Belgique, Province francophone Wallonie -France [Site : user.skynet.be](2014)
Sources iconographiques :
- Image 1 : Porte du Rivage, L’Heureux, Gaspard Archive (1826)
- Image 2 : Gravue : La ville dans une situation antérieur à 1550 de Frans Hogenbers
- Image 3 : Plan du couvent des Capucins de la ville de Mons en 1784, Merlin, Thomas-joseph (créateur, 1739-1808, auteyr), Dolez, Léon (Contributeur, 1837-1902, Dessinateur) [Site: PHENIX, Patrimoine Historique & Expositions Numérique UMONS] (2016)
- Image 4 : Mons : [rue André Masquelier] couvent des Capucins ; Avant-plan à gauche, Pont sur la Trouille et porte de l’Hôpital militaire. Au fond, ruines de l’église de l’abbaye du Val des Ecoliers, Dolez, Léon, Dess. 1870
- Image 5 : Photos de l’Autel de l’Eglise Notre-Dame de Belle dilection de Pigeolet Hervé [Site : Belgian Art Links and Tools]
- Image 6 : Carte Postale – Mons : Hôpital militaire et église des Capucins 1902
- Image 7 -> 19 : Plans et Photos de Bérengère Moiny [Livre : Un couvent dans la ville :Capucines et Capucins à Mons] (2000)